TDC (Trouble Développemental de coordination) ou Dyspraxie, le regard du psychomotricien
Publié par Mathilde Etienne le
TDC (Trouble Développemental de la coordination) ou Dyspraxie, le regard du psychomotricien
TDC, le regard du psychomotricien sur ce trouble de la coordination.
Le TDC communément appelé dyspraxie, c’est quoi ?
La dyspraxie est une perturbation de la capacité à effectuer certains gestes et activités volontaires (nommé « praxie« ). Ce trouble des apprentissages résulte d’un dysfonctionnement de la zone cérébrale qui commande la motricité.
La dyspraxie est fréquente et touche 5 à 7% des enfants de 5-11 ans. Les garçons sont 2 à 4 fois plus atteints que les filles. On considère qu’il y a au moins un enfant atteint de dyspraxie par classe.
Ce trouble se manifeste dans les habiletés gestuelles. Il se traduit par des difficultés d’apprentissage à l’école et par des limitations dans des activités de la vie quotidienne notamment à la maison et lors des activités extra-scolaires.
La personne est jugée comme : LENTE – MALADROITE – PEU HABILE
Des troubles y sont fréquemment associés tels que TDA/H, une dysgraphie, dyscalculie, dyslexie, dysorthographie…Parmi les facteurs de risque identifiés, la prématurité est le plus important
L’enjeu du diagnostic psychomoteur pour l’enfant présentant un TDC
L’enjeu est d’établir une prise en charge et un accompagnement personnalisé.
Cela suppose un diagnostic précis et un parcours de santé adapté pour favoriser l’autonomie, l’inclusion et la qualité de vie de ces personnes.
Voir l’article « Troubles psychomoteurs (TDC, TAC et dyspraxie) : quelles solutions ? »
Quels sont les signes du TDC pour un psychomotricien ?
La personne atteinte de TDC peut présenter des déficits au niveau des fonctions motrices fines avec un impact important sur l’écriture manuscrite.
Les fonctions motrices fines
Le déficit de la motricité fine (ex : difficultés à réaliser des gestes coordonnés dans un but précis) entraîne une plus grande difficulté à intégrer les tâches de la vie quotidienne :
- utiliser des couverts, manier un outil,
- découper,
- dessiner,
- écrire,
- jouer d’un instrument,
- attraper une balle,
- faire ses lacets
- etc.
L’écriture manuscrite
A l’école, l’écriture manuscrite représente la principale tâche académique des enfants s’inscrivant quotidiennement dans 30 à 60 % de leurs activités.
Il faut rester prudent sur le diagnostic de dysgraphie qui marque définitivement un trouble alors que pour certains enfants il s’agit d’un retard de maturation du geste ou d’un trouble psychologique qui retentit sur le geste.
Les déficits en écriture concernent non seulement le produit final (problème de lisibilité, beaucoup d’erreurs) mais également le processus d’écriture.
Ce qu’on retrouve :
Ecriture lente, peu lisible, moins fluide, moins régulière, lettres irrégulières, déformées, agencement des lettres et des mots dans l’espace de la feuille est souvent désordonné, difficultés à suivre les lignes et à respecter les hauteurs relatives des lettres et des positions de lettres, taille excessive.
L’écriture est plus altérée quand il y a des contraintes de taille ou de vitesse.
Ilyan 8 ans, dysgraphique :
En synthèse, quelles sont les caractéristiques du TDC ?
Les caractéristiques du TDC semblent être reliées à :
- Des difficultés pour contrôler les mouvements et la coordination inter-segmentaire des muscles du bras et/ou des doigts
- Un déficit de l’intégration visuo-motrice (coordination entre la perception visuelle et la coordination du mouvement du bras et des doigts)
- Un déficit d’automatisation des compétences motrices et dans l’apprentissage de séquences de mouvements
Le TDC et l’œil du psychomotricien
Les répercussions des troubles de la coordination à l’école et à la maison
Le TDC est un handicap invisible qui peut être difficile à diagnostiquer. En effet les enfants trouvent des stratégies d’évitement et/ou de compensation qui peuvent donner l’impression à l’adulte que tout va bien et pourtant… Toute l’énergie qu’ils mettent dans les gestes du quotidien les empêchent de se concentrer sur les apprentissages académiques et globalement toutes les tâches dites « cognitives ».
Chez un enfant « tout-venant », le fait d’automatiser un geste va lui permettre de faire deux actions simultanées comme écouter et écrire (double tâche). Cette double tâche sera difficile voire impossible pour un enfant dyspraxique. Imaginez le nombre d’activités de double tâche à l’école, elles sont multiples !
Tout prend du temps, les parents s‘épuisent et ne comprennent pas pourquoi l’enfant est si lent, désorganisé, maladroit alors que par ailleurs il est curieux, vif. Ils peuvent même penser qu’il le fait exprès. Ainsi, ces enfants ont du mal à développer l’estime d’eux-mêmes car l’école et l’entourage leur renvoient une image négative :
va plus vite, quel maladroit tu fais ! dépêche-toi, oh non tu as encore fait tomber ton verre, regarde ton pull il est à l’envers, tu ne fais vraiment aucun effort, mais qu’est-ce que je vais bien pouvoir faire de toi !
Ainsi le diagnostic est primordial car il permet à l’enfant de comprendre ce qu’il a et aux parents d’adapter leurs comportements.
Prise en charge de l’enfant présentant un TDC par le psychomotricien
Pour le psychomotricien, il sera essentiel de s’appuyer sur les points forts des enfants.
La prise en charge psychomotrice permet aux enfants de mieux comprendre leurs difficultés. De plus, cela entraine la mise en place d’un « projet psychomoteur », simple, imager et facilement compréhensible par l’enfant. Psychomotricien, enfant et parents auront définis des objectifs communs. L’enfant est au centre de son projet et ainsi acteur de ses progrès. Le psychomotricien guide les parents au fil des séances afin qu’ils adaptent leur comportement et leur environnement. Le plus important est de laisser du temps à l’enfant et d’encourager ses réussites.
Les enfants présentant un TDC n’ont pas un apprentissage « classique ». Ils peuvent prendre du temps sur certains aspects des apprentissages et être beaucoup plus performants sur d’autres. Des choses semblant comprises un jour ne le seront peut-être pas le lendemain, il faudra y revenir ! Les parents peuvent être déroutés par ce besoin de répétition. Il faut du temps pour assimiler, appliquer et généraliser ce qu’il apprend.
Parents, comment accompagner son enfant ?
Parents, ne soyez pas impatients : tout vient à point à qui sait attendre et quand l’école ne croit plus en votre enfant, il n’y a que vous qui pouvez croire en lui.
Il y a des méthodes spécifiques qui peuvent faciliter l’apprentissage, encore faut-il lui proposer la bonne. Certains enfants apprennent en lisant, en écoutant quelqu’un parler, en parlant à haute voix, en bougeant, en écrivant… Le but étant de trouver ce qui va marcher !
Le psychomotricien accompagne l’enfant vers son autonomie quotidienne et scolaire. Il soutient les parents et tente d’harmoniser le développement psychomoteur en lui proposant des exercices, des jeux et des situations adaptés à ses besoins.
Les enfants TDC sont très intelligents. Ils sont comme des jardiniers qui possèdent des outils performants, modernes et high-tech mais qui ne sauront pas quel outil utiliser en fonction du travail à accomplir. On a beau avoir une tondeuse dernier cri, si on l’utilise pour tailler des arbustes, ça ne fonctionnera pas très bien !
Albert Einstein a écrit :
Tout le monde est un génie. Mais si vous jugez un poisson sur sa capacité à grimper dans un arbre, il passera sa vie entière à croire qu’il est stupide
L’intelligence n’est pas la capacité de stocker des informations, mais de savoir où les trouver
Apprenons à l’enfant à bien utiliser ses potentialités, faisons de ses faiblesses des forces et il ira loin !